Quand on pense à Bali, on imagine souvent des photos de rizières verdoyantes sous le soleil. Et ces rizières sont irriguées depuis des centaines d'années par un système appelé "subak".
Les subak, véritable chef-d'œuvre de l'ingénierie agricole traditionnelle balinaise, représentent bien plus qu'un simple système d'irrigation. Ce réseau complexe de canaux et de rizières en terrasses, vieux de plus de mille ans, incarne la philosophie balinaise du Tri Hita Karana - l'harmonie entre l'homme, la nature et le divin.
Un système d'irrigation sophistiqué
Le système subak repose sur un réseau élaboré de canaux qui distribuent l'eau depuis les sources et les rivières vers les rizières en terrasses. Chaque subak, qui peut couvrir entre 10 et 800 hectares, est géré par une organisation démocratique d'agriculteurs. L'eau, considérée comme sacrée, est partagée équitablement entre tous les membres selon des règles précises transmises de génération en génération.
Une organisation sociale spécifique
Les subak fonctionnent comme de véritables institutions socio-religieuses. Chaque communauté subak est dirigée par un "pekaseh" (chef élu) et dispose de ses propres règlements, appelés "awig-awig". Ces règles définissent :
- Les droits et devoirs des membres
- Le calendrier des plantations et des récoltes
- La répartition de l'eau
- L'organisation des rituels religieux
- La résolution des conflits
La dimension spirituelle
La culture du riz à Bali est intrinsèquement liée au sacré. Chaque subak possède son propre temple dédié à Dewi Sri, la déesse du riz. Le calendrier agricole est rythmé par des cérémonies religieuses qui marquent chaque étape importante :
- La préparation des semis
- La transplantation
- La croissance du riz
- La récolte
Un modèle de développement durable
Les subak démontrent une remarquable efficacité écologique. En effet ils gèrent l'eau de façon optimale et aident au maintient de la biodiversité. C'est un système entièrement naturel qui s'adapte à la topographie des terrains, et participe à la préservation des sols.
Les défis contemporains
Aujourd'hui, ce système millénaire fait face à de nombreux défis. Le plus gros est bien sûr le développement touristique de Bali, qui chaque année transforme des terrains de plantation en hôtels ou autres restaurants. En conséquence, les jeunes balinais ne s'intéressent plus tellement à l'agriculture, car les métiers liés au tourisme sont en général plus rémunérateurs.
Reconnaissance internationale
En 2012, l'UNESCO a inscrit le paysage culturel de la province de Bali au patrimoine mondial, reconnaissant les subak comme un exemple exceptionnel du principe balinais du Tri Hita Karana. Cette inscription comprend les rizières en terrasses et les temples d'eau associés, témoignant de l'importance culturelle et écologique de ce système.
Les subak représentent bien plus qu'un simple système d'irrigation : ils sont l'expression d'une sagesse ancestrale qui a su créer une harmonie durable entre les besoins humains et l'environnement naturel. Leur préservation constitue un enjeu majeur pour maintenir non seulement la production rizicole de Bali, mais aussi son identité culturelle unique.
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